On va clarifier quelque chose : la douleur pendant les relations sexuelles, c’est PAS normal. Plusieurs recherches montrent que plus de 75% des femmes ont déjà ressenti à un moment où un autre de la douleur en faisant l’amour (et certaines de façon chronique) et je dois avouer que ça me perturbe un peu.

Malheureusement, il y a très peu de recherches qui s’intéresse à la douleur des femmes durant les relations sexuelles (contrairement à la montagne de recherches à propos des dysfonctions érectiles…). Je trouve ça très choquant de ne pas avoir accès à de l’information si essentielle. Imagine, la science a découvert la réelle anatomie du clitoris dans les années 90! (et on ne parle même pas ici de santé sexuelle, de plaisir ou d’excitation).

Comme je disais, ce genre de douleur n’est absolument pas normale, mais trop souvent banalisée dans notre société. Ça devient un simple fait banal. Je crois sincèrement qu’à travers des cours d’éducation sexuelle dans les écoles, plus de conversations sur la santé sexuelle des femmes et des recherches médicales plus poussées, c’est possible de changer le discours et de permettre aux femmes de reprendre leur droit au plaisir !

Pour faire un petit bout de chemin, je te partage 6 éléments qui peuvent te causer de la douleur en faisant l’amour et quoi faire dans ces situations.

1- Le manque de lubrification : un classique qu’on oublie trop souvent. Quand tu es suffisamment excitée, ton vagin s’allonge et se lubrifie naturellement, permettant la pénétration. Dans le cas contraire, ton vagin n’est pas bien lubrifié et ça peut causer de l’inconfort ou même de la douleur. La sécheresse vaginale peut aussi causer des déchirures, des dommages ou même des infections. Vraiment pas cool !

C’est super important que ton vagin soit bien lubrifié avant de penser à la pénétration. Prends tout le temps que tu as besoin pour créer de l’excitation sans te sentir pressée. Le sexe oral et un bon lubrifiant sont souvent tes meilleurs amis pour que tout glisse bien 😉

2- Une blessure au nerf pudendal : c’est en jasant avec Isabelle Deslauriers, fondatrice de Désirables, pour un épisode du podcast que j’ai entendu parlé de cette partie de mon anatomie pour la première fois. Le nerf pudendal est la partie centrale qui connecte le périné avec les autres parties génitales comme ton urètre et ton anus. Il a plusieurs fonctions, dont celle d’envoyer des signaux au cerveau dans le canal clitoris-vagin. Une blessure du nerf pudendal peut causer de la douleur pendant les relations sexuelles, un engourdissement au niveau de ta vulve et/ou de ton vagin et de la douleur au périné ou à ton anus.

Naomi Wolf, l’auteure du livre Vagina : A New Autobiography explique que souvent, ce type de blessure passe en dessous du radar et n’est pas souvent diagnostiqué. Cette blessure peut être causée par un coup violent au vagin, un accouchement difficile, une mauvaise posture durant l’entraînement ou le yoga, rester en position assise pendant de longues heures ou par l’épisiotomie (lorsque le périné est coupé lors de l’accouchement).

3- Une ITSS non diagnostiquée : plus de 80% des personnes porteuses d’une ITSS ne ressentiront aucun symptôme. Par contre, si tu ressens soudainement de la douleur en faisant l’amour, des saignements, une sensation de brûlure, des pertes vaginales anormales ou un mélange de tout ça, je te conseille d’aller voir un.e profesionnel.le de la santé pour effectuer un test de dépistage. Utiliser un moyen de protection (comme le condom ou la digue dentaire) reste toujours une bonne idée lorsque tu as des relations sexuelles avec plusieurs partenaires.

4- Un sensibilité de ton col d’utérus : le col de l’utérus, c’est un peu comme la barrière qui protège l’utérus des bactéries et des infections possibles. L’entrée du col peut être une zone très sensible, surtout lors d’une pénétration profonde ou une relation sexuelle plus rough. Ton col est aussi plus ouvert durant certaines phases de ton cycle menstruel et ça peut créer une certaine douleur lors de la pénétration.

Je te conseille de mettre un test pap à ton agenda régulièrement pour t’assurer qu’aucune cellule mal intentionnée ne s’est collée aux parois de ton col. Je sais, ce genre de test n’est vraiment pas agréable, mais il est hyper important pour prévenir un cancer ou une autre maladie.

5- De la douleur chronique : si tu ressens une douleur soudaine qui dure plus longtemps, c’est possible qu’une autre maladie chronique soit en cause, comme l’endométriose ou des spasmes vaginaux par exemple. Parfois, une douleur qu’on pensait avoir traité peut refaire surface et venir causer beaucoup d’inconfort durant les relations sexuelles. Si tu n’est pas certaine de la nature de tes symptômes, je t’invite toujours à consulter un.e profesionnel.le de la santé (parce qu’on sait toutes comment les recherches sur Google peuvent finir haha!).

6- Des facteurs psychologiques : la douleur vaginale et les facteurs psychologiques sont souvent reliés. Plusieurs problèmes (comme le vaginisme par exemple) sont causés par des facteurs physiques et psychologiques. Plusieurs traumas peuvent être portés à l’intérieur du corps sans qu’on en soit consciente. Cette situation est très fréquente chez les survivantes d’agressions physiques et/ou sexuelles, chez les femmes qui ont ressentent beaucoup de honte envers leur corps ou qui ont une image très négative d’elles-mêmes.

Les options de traitements

Il existe différentes options de traitement pour différents types de douleurs vulvaires et/ou vaginales. Si la douleur est tellement présente qu’elle dérange ta vie au quotidien ou nuit à ta vie sexuelle, je te conseille d’en jaser avec un.e professionnel.le de la santé en qui tu as confiance.

Il existe aussi des physiothérapeutes spécialié.es en réadaptation du plancher pelvien. Ils.elles peuvent t’aider à réhabiliter les muscles de ton plancher pelvien en renforçant, en étirant ou en travaillant pour calmer tes spasmes. Si le problème se situe plutôt au niveau des facteurs psychologiques ou émotionnels, te tourner vers un.e thérapeute ou un.e sexologue spécialisé.e peut être utile pour soulager une partie de la douleur physique.

Je le répète encore : la douleur pendant les relations sexuelles n’est jamais pas normale. Elle devrait être prise au sérieux et traitée comme toute autre douleur corporelle ou émotionnelle.  Tu mérites des expériences sexuelles plaisantes, jouissives, sans douleur et qui te font sentir vivante & épanouie!